C’était au XVe siècle
● La trahison de Montsorbier
Premier tiers du XVe siècle. Guillemot de Montsorbier est le capitaine du château. Les seigneurs de l’époque ne sont pas des enfants de chœur. Celui de Gençay, Georges de la Trémoille, a épousé en 1427 la veuve de Pierre de Giac dont il est complice de l’assassinat. De Richement, seigneur de Parthenay, est un de ses rivaux à la cour de France.
Montsorbier va profiter de leur mésentente Il prévient de Richemont, contre monnaie, que la Trémoille est à Gençay pour voir sa nouvelle épouse. De Richemont rassemble une petite troupe et arrive à Gençay. Mais Montsorbier a prévenu La Trémoille, contre rançon. Ce dernier s’enfuit. De Richemont prend le château vide de ses occupants.
Montsorbier, poursuivi, déploie deux autres statégies. D’abord, il prend en otage trois bourgeois de Poitiers, dont l’échevin, les rançonne et disparaît. Ensuite, il se protège par la sorcellerie. Il fait fabriquer une figurine percée de deux trous dans lesquels il glisse les noms des gens qui lui veulent du mal. Il fait bénir la statuette par l’abbé de Sainte-Porchaire, avec la complicité de l’évêque.
L’évêque fut inquiété. Mais le Parlement de Poitiers amnistia tout le monde.
● Deux amateurs de vin
Bonnevot et Pérault habitent Gençay. Ils sont beaux-frères – maris de deux sœurs – et associés, marchands ambulants de poêles.
En 1449, un jour de foire à Gençay, tard le soir, ils partent pour Champagné-Saint-Hilaire. Arrivés dans les bois de la Roche, ils se disputent et se battent. Le lendemain, ils se retrouvent à Champagné. Pérault achète un couteau et ils décident de séparer leur marchandise.
Un autre soir, ils se disputent à nouveau parce que la femme de Bonnevot aurait mis de l’eau dans le vin.
Quelques jours plus tard, Bonnevot a du blé à livrer à Poitiers. Il invite Péraullt à l’accompagner. Ils louent un deuxième cheval à la foire et les voilà partis. La livraison faite, après avoir bien bu et fait quelques achats, ils prennent le chemin du retour. Arrivés aux Roches, nouvelle dispute. Pérault jette les affaires de l’autre et s’enfuit. Ils se retrouvent à La Villedieu et engagent un corps à corps. Bonnevot s’empare du couteau de Pérault et, d’un geste malheureux, lui coupe l’artère fémorale.
Le criminel est arrêté et enfermé dans le château de Gençay. Il s’échappe en escaladant la muraille à l’aide d’une corde et disparaît.
Charles VII le gracia pour légitime défense.
C’était au début du XIXe siècle
● Une évasion spectaculaire
À la fin du XVIIIe siècle, la municipalité de Gençay peine à trouver des locaux pour l’école et la gendarmerie.
En 1794, alors que le château a été confisqué comme bien national, la tour du moulin est proposée. La commune fait des travaux d’aménagement – plancher, portes, serrures – et achète une petite maison en dessous pour loger le gardien.
Parmi les détenus qui passent dans cette prison, trois ont marqué les esprits. Condamnés à des peines de travaux forcés à Guéret, ils transitent par Gençay pour rejoindre Poitiers. Arrivés le 1er juin 1815, ils s’évadent le 4 de la tour du moulin. Ils ont fabriqué une corde de fortune, franchi une archère de quelques centimètres d’ouverture (?) et dégringolé la muraille. Le maire a immédiatement fait boucher l’archère. Trop tard.
On s’est longtemps demandé comment ils avaient pu passer. Simplement, ils ont descellé deux pierres de la partie étroite de l’archère donnant à l’extérieur. Le geôlier n’a rien vu, rien entendu. Des orfèvres.